Réaménager son restaurant pour l’ouverture : Jonathan et Lucas du Cartel de Belleville vous livrent leurs conseils
La réouverture des restaurants n’a jamais été aussi proche. Revoir l’aménagement de son restaurant devient donc une nécessité pour tous restaurateurs qui souhaitent prochainement accueillir des clients. Mais comment s’y prendre ? Quelles sont les tendances actuelles ? Pour quel budget ?
Nous avons posé toutes ces questions à Jonathan et Lucas, fondateurs du Cartel de Belleville et experts du mobilier vintage !
Bonjour à tous les deux, avant toute chose, pourriez-vous vous présenter ?
Lucas : “Bonjour ! Je suis Lucas, j’ai 35 ans. Je viens d’Argentine et je suis co-fondateur du Cartel de Belleville.”
Jonathan : “Bonjour ! Je suis Jonathan, j’ai 37 ans et je viens de la région parisienne. Je suis le deuxième co-fondateur du Cartel de Belleville et cela fait 5 ans que nous sommes spécialistes du mobilier vintage.”
Est-ce que vous pourriez m’en dire plus sur le Cartel de Belleville ?
Jonathan : “On se positionne comme les spécialistes du mobilier vintage pour les cafés, hôtels et les restaurants. Notre métier de niche sont les chaises, pour lesquelles nous essayons de dénicher les séries les plus larges possibles. Le Cartel de Belleville est vraiment le fournisseur pour tous ceux qui ont besoin de grandes séries d’assises. Nous équipons les espaces de co-working, les salles de conférences mais notre cœur de cible reste principalement le secteur du CHR. On sélectionne des pièces qui soient aussi design qu’esthétiques, et par la suite nous les rénovons et on les proposons aux professionnels de la restauration.”
Lucas : “Au Cartel de Belleville, il y a un vrai travail de sélection et de rénovation. Nous avons un grand atelier qui nous permet de remettre les chaises à niveau afin que les restaurants puissent les utiliser le plus longtemps possible.”
Pourquoi avoir fait le choix de cibler les professionnels du CHR ?
Jonathan : “Ça a été une évolution petit à petit. Nous avons eu cette réflexion entre nous à mesure que les clients qui affluaient étaient de plus en plus des CHR. On a alors un peu mieux analysé ce que l’on proposait et vendait. Et on s’est vite rendu compte que les
chaises que l’on proposait répondaient parfaitement aux attentes des professionnels du CHR. Et pour cause, elles sont non seulement esthétiques mais ont aussi un vrai caractère qui donne une réelle identité au lieu. Ce sont des chaises qui pour la plupart ont été faites
par des collectivités néerlandaises qui ont imaginé des assises durables et surtout, qui ont un aspect très fonctionnel. Tout a été pensé pour avoir des objets qui soient faciles, et ça correspond parfaitement aux attentes des cafés et restaurants.”
Lucas : “La plupart des chaises ont été fabriquées dans les années 50 dans l’après-guerre. Les designers qui les ont créées avaient peu de matériaux. Il fallait donc créer quelque chose de durable. Nous avons des pièces très fines mais ultra durables comme le dit Jonathan, et surtout adaptables à pleins de situations possibles : on peut les coupler, les utiliser toutes seules, on peut aussi créer des bancs. Et le plus : elles sont très faciles à nettoyer et ne nécessitent pas beaucoup d’entretien. C’est parfait pour le bar et pour le restaurant.”
Quelles sont les tendances actuelles en termes d’assises et d’ameublement ?
Jonathan : “En restauration il y a toujours des grosses tendances qui sont là depuis plusieurs années, comme le scandinave depuis plus de 10 ans par exemple. Au Cartel de Belleville, on est à mi-chemin entre le style scandinave et l’industriel avec des matières comme le bois ou encore le métal. On retrouve la finesse du design scandinave mais aussi la robustesse de l’industriel. Il faut savoir que les chaises scandinaves que l’on peut avoir chez soi dans son salon par exemple ne sont faites qu’en bois. Ça travaille, ce n’est pas fait pour un usage intensif et la plupart du temps ça ne tient pas le choc. Donc c’est cool sur le principe en terme de tendance mais difficilement adaptable aux usages intensifs des CHR. Après, au-delà du design, on dénote une vraie tendance, celle du “réemploie”, du seconde main, qui est très fort et qui est très important pour pas mal de gens qui viennent nous voir. C’est vrai aussi pour les entreprises qui ne sont pas forcément dans la restauration mais qui veulent s’inscrire dans une démarche plus éco-responsable et pour qui c’est important de ne pas aller acheter des chaises qui ont fait 10 000 kilomètres et qui préfèrent miser sur des chaises qui ont déjà fait leur preuve, qui ont 50 ans, qui ont été restauré, qui vont durer, qui ont un vrai caractère et qui vont économiser des points de vie à la planète. Ça fait clairement partie des tendances qu’on voit apparaître.”
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui doit se lancer dans l’aménagement de son restaurant ?
Lucas : “Que c’est très important d’être regardant sur l’aspect esthétique pour donner une âme à son restaurant mais qu’il ne faut jamais oublier que cette pièce que l’on va acheter doit durer à travers le temps. On a plein de clients qui sont venus nous voir parce qu’ils
avaient acheté quelque chose de très beau il y a un an mais qui n’était pas adapté. Il faut donc réfléchir à l’aspect durable de cette pièce, sans jamais oublier le confort. Et enfin, prendre en compte l’aspect fonctionnel, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur.”
Selon vous, la fermeture des restaurants est-elle l’occasion de faire peau neuve ?
Jonathan : “Je pense que beaucoup de gens se sont retrouvés à essayer de se réinventer. Avec tout ce temps que l’on avait devant soi, chacun a essayé de savoir quoi en faire. Pour beaucoup de restaurateurs avec qui on a parlé, la fermeture de leur restaurant a été le moyen de s’occuper et de faire ce qu’ils avaient mis de côté depuis 1000 ans. Se dire que voilà, “maintenant c’est le moment, depuis le temps que je devais le faire”. Dans notre entourage il y en a pas mal qui ont entamé des travaux, qui ont profité de l’occasion pour
utiliser certaines aides, ce qui me parait très bien pour pouvoir repartir du bon pied après une année catastrophique. Je pense qu’en plus, faire peau neuve fait du bien. Ça permet de se dire que c’est un nouveau départ, on change, on sort de ce tunnel qui n’en finit plus et
on repart sur des bonnes bases. Je pense que même psychologiquement ça peut faire du bien et c’est l’occasion de faire un bel accueil à nous tous qui attendons avec impatience l’ouverture de tous les lieux que l’on a déjà quitté il y a longtemps. On a tous hâte d’y retourner et en voyant que quelque chose a changé, évolué, ça ne peut que donner envie !”
Est-ce que réaménager son restaurant est forcément synonyme de grosses dépenses ?
Lucas : “Pas forcément. C’est un budget mais pas une grosse dépense. Chez nous on a un très large choix de chaises, de différents styles, matériaux qui sont à moins de 100€. Ça permet vraiment aux restaurateurs de donner une nouvelle âme à leur restaurant, de
commencer cette nouvelle époque sereinement et d’améliorer la qualité de confort sans dépenser énormément d’argent.”
Avec la réouverture prochaine des terrasses, que conseillerez-vous pour la rendre unique ?
Jonathan : “Alors là ce n’est pas tout à fait notre métier, c’est plutôt celui de décorateur. Mais je pense qu’on a tous besoin de retrouver des lieux chaleureux et conviviaux. Si c’était notre restaurant, on ferait en sorte qu’elle soit la plus conviviale possible en respectant les normes évidemment. On créerait des petits espaces, avec du bois, des plantes, des éclairages, ... On ferait en sorte de retrouver quelque chose de convivial, chose que l’on n’a plus depuis tellement longtemps. Plutôt que de retourner sur la terrasse classique parisienne où nous sommes tous alignés.”
Lucas : “Je suis totalement d’accord. Cela dépendra évidemment des contraintes qui seront imposées mais il sera très important de créer des espaces où les personnes pourront retrouver ce que l’on a perdu il y a déjà plus d’un an. Se rencontrer, être dehors, se poser dans un lieu confortable et convivial. C’est ce dont nous avons tous besoin.”
Il y a de fortes chances que des mesures sanitaires strictes soient imposées dans l'agencement de son restaurant. Que conseilleriez-vous pour les faire respecter tout en conservant sa convivialité ?
Jonathan : "Au-delà de la convivialité, il faut bien garder en tête l’aspect modulable du restaurant. Depuis un an, tout change en permanence et on n’est pas à l’abri que cela recommence. Il faut donc être capable de s’adapter à ce qui va être demandé et pour cela : avoir du mobilier facile à bouger, à ranger, qui soit fonctionnel pour s’adapter. Imaginer un espace modulable : c’est le mot d’ordre.”
Enfin, quelle est la pièce incontournable du Cartel de Belleville ?
Jonathan : “Pour les CHR, on a un éditeur qui a édité du mobilier pour les collectivités dans les années 50 qui séduit souvent parce que le rapport qualité prix est super. Ça s'appelle Eromes. C’est simple, c’est élégant, c’est robuste. Cette gamme n’est pas prétentieuse, elle
est simple.”
Lucas : “C’est ça, c’est une pièce qui n’a pas de prétention. Elle ne rentrera pas en concurrence avec le reste de la décoration dans le restaurant. Mais quand on regarde la pièce, elle est vraiment très fine, très belle et très simple et croyez-moi que c’est difficile aujourd’hui de faire quelque chose de simple, d’efficace et de beau à la fois.”